Densification, vous avez dit densification.
Nous avons posé aux candidatEs et aux organisations (de gauche et écologistes) de la circonscription électorale Bagnolet-Les Lilas-Romainville la question suivante :
« Sous couvert de Grand Paris et de densification, nos villes, déjà suffisamment denses, sont menacées de perdre leur identité et leur qualité de vie. Etes-vous prêtES à agir, dans le même sens que les associations de défense de l’environnement et du patrimoine, pour éviter cette densification et cette dégradation du cadre de vie ? »
La réponse de Pierre Stoeber candidat EELV suppléant des candidatEs PS, Daniel Guiraud et Corinne Valls (qui n’ont pas répondu …) :
« Les associations de défense de l’environnement et du patrimoine sont loin d’être toutes opposées à la densification, et la réponse n’est pas uniforme sur notre canton – et d’ailleurs les densités des 3 villes du canton sont diverses. En revanche, il faut tout faire pour éviter la dégradation de notre cadre de vie, et cela dépend de bien d’autres choix politiques et/ou populaires : ceux de la mobilité et de la natalité ne sont pas les moindres. »
Oups. Certes, nous ne sommes pas étonnés de voir aujourd’hui, qu’EELV emboite les pas de l’hyper-densification de la petite couronne prônée par le SDRIF de Mireille Ferri (« un petit tour aux municipales de Bagnolet et puis s’en va … au Grand Paris ») et de la ministre Cécile Duflot.
Dans le prolongement de cet échange, nous aimerions que P. Stoeber nous donne quelques exemples d’associations de notre secteur qui se seraient portées en appui de l’hyper-densification. Nous donnons en revanche, dans ce blog, régulièrement, des exemples précis de luttes associatives contre cette « hyper-densification d’une banlieue déjà assez dense » (pour reprendre l’excellente expression des Verts-EELV de Bagnolet avant que Mireille Ferri n’y fasse un petit tour.
Certes, si les possibilités de densification des Lilas sont épuisées (d’où l’opposition – constatée par moi PM lors de la révision du PLU des Lilas en 2005 – de D. Guiraud à la poursuite de la densification entreprise par son prédécesseur JJ Salles. Mais bon ceci est une vieille histoire. Partout à Bagnolet comme à Romainville, là où il reste des terrains pour les promoteurs immobiliers, les associations et les collectifs de riverains se battent pour la qualité du cadre de vie. Dans ces condition si évoquer le cadre de vie paraît creux si on ne met pas en cause l’hyper-densification, il est intéressant –je dirais « écolo » que notre ami évoque « la natalité » ce qui est, curieusement, très inhabituel à EELV. Sur la « mobilité », nous n’oublions pas que les « grands tuyaux » de transport programmés par le Grand Paris, loin d’avoir pour objectif d’améliorer la vie quotidienne des FrancilienNEs, ne visent qu’à permettre des densifications supplémentaires.
Venons-en à la réponse de Laurent Jamet et Sofia Dauvergne, candidats titulaires du Front de Gauche :
« La question de la densification mérite d'être posée à différentes échelles. Au niveau de l'agglomération, la course à l'étalement urbain est nuisible et est un facteur important de dégradation de la qualité de vie, de la qualité des milieux naturels, de la qualité de ville. Au niveau intermédiaire, c'est la densité qui permet le maillage des services publics, des transports et permet de créer des alternatives crédibles aux modes de déplacements individuels, pendulaires et dévoreurs de temps et d'énergie. Au niveau local la densité fait peur, souvent à raison, et cela tient bien plus à la conception de la ville qu'à la densification elle-même. Les opérations de résorption de l'habitat insalubre ont souvent l'image d'opérations de densification alors qu'elles créent souvent moins de logements qu'elles n'en détruisent.
La métropole du « Grand Paris » telle qu’elle est envisagée est redoutable dans le sens où tout sera décidé loin des citoyens. Il est à craindre que les besoins de logements dans Paris et la petite couronne voient essentiellement le jour, là où se trouvent le foncier, c’est-à-dire surtout dans le Val de Marne et la Seine-Saint-Denis. Mais cette politique de densification à outrance, à laquelle nous nous opposons, est déjà à l’œuvre, par exemple dans le projet du quartier Gagarine à Romainville, où le nombre de logements passerait de 781 logements à 1.871 et 1.093 logements en accession à la propriété seraient construits. Une aberration qui ne tient aucun compte des leçons du passé avec, par exemple, la cité des Bosquets à Clichy-Montfermeil. Cette densification qui risque encore de s’aggraver avec le « Grand Paris » porte gravement atteinte à l’histoire de nos villes et à leur patrimoine que nous nous engageons à défendre. Là où cela n’existe pas, nous proposons l’adjonction d’un volet patrimonial au Plan Local d’Urbanisme afin de protéger bâtiments et espaces, grâce à un inventaire qu’il conviendrait d’engager. Il ne serait plus possible de procéder à la destruction de bâtiments présentant un réel intérêt, et si réhabilitation il y a, elle devra s’effectuer dans le respect de l’aspect d’origine.
La seule réponse réside, pour nous, dans une volonté ferme d'associer les habitants et permettre le développement d'une ville harmonieuse, accepter et rendre possible la reconstruction de la ville sur la ville, facteur de renouvellement des constructions énergivores, par des logements et des équipements publics énergiquement sobres et socialement acceptés. »
Au-delà des discours – et celui tenu dans la réponse à notre question est plutôt intéressant -, nous préférons juger aux actes … et compter sur nos propres force. Les actes ? Nous nous rappelons de l’hyper-densification conduite par la municipalité PCF sous Everbecq avec Laurent Jamet comme adjoint à l’urbanisme. Nous apprécions aussi qu’à Montreuil, malgré sa conception productiviste-densificatrice, la municipalité actuelle ait mis « le pied sur le frein » en matière de densification tant il apparaît de limites en matière foncière, de cadre de vie et de réalisation des équipements correspondants …
Rappelons que cette question de la densification a des impacts très lourds sur la qualité de vie en banlieue proche et que l’ensemble des décideurs politiques a renoncé à une politique volontaire d’aménagement du territoire et que c’est la clé du problème.
À paraître prochainement sur ce blog une petite synthèse sur les élections départementales des 22 et 29 mars.
Pierre Mathon