Bonjour Claudine,
Pour injuste qu’elle soit, votre interpellation est légitime et je vais essayer d’y répondre.
L’autonomie des écologistes est intrinsèque et les écologistes, seuls à être « anti-productivistes », sont forcément autonomes. Mais être autonome ne signifie pas refuser les accords en fonction des situations. Il convient même, en démocrates, de rechercher des alliances à vocation majoritaire, pour faire avancer les choses. Il faut même parfois savoir « être unitaire pour deux ».
L’autonomie est une position permanente, de principe et les élections ne sont que des courtes périodes, alors que l’action des écolos, c’est tous les jours.
J’ai par exemple défendu la position suivante (en vain) dans mon parti : qu’il valait mieux, pour les écolos organiser avec le PS des primaires de la gauche et des écolos et de ne pas présenter de candidat aux présidentielles. Je ne suis pas sûr que la campagne autonome d’Eva Joly (que j’ai soutenue loyalement) ait plus renforcé l’écologie politique que ne l’aurait fait in bon score des sympathisants écolos à la primaire unitaire de la gauche … L’accord passé entre EELV et le PS pour les législatives (qui aurait pu être meilleur) contient des avancées programmatiques, loin d’être négligeables, et ouvre la possibilité aux écologistes d’avoir enfin un groupe à l’assemblée nationale, ce qui va permettre d’effectuer un travail législatif bien plus important et de soutenir nos ministres dans leur action, isolée, au sein d’un gouvernement malheureusement encore très productiviste.
Sur un plan plus personnel, j’ai toujours été convaincu que l’avenir appartenait à une alliance entre les Socialistes et les Verts. J’y ai contribué activement en particulier au congrès du Mans des Verts (c’était en 1995) qui a ancré les Verts à gauche, après les années waechtériennes du ni droite, ni gauche. Alors responsable régional aux élections j’ai été un des principaux artisans, côté Verts, de la conquête de la Région Ile-de-France par la Gauche et les Verts en 1998.
Certes à Bagnolet, mes efforts unitaires ont rarement été couronnés de succès (que ce soit avec le PS ou avec la gauche communiste critique) mais à chaque fois, j’ai pris mes responsabilités en conduisant une liste autonome Verte et ouverte, au 1er tour des municipales que ce soit en 1995 (« Bagnolet Autrement-Les Verts » 9,6%), en 2001 (« Réinventons Bagnolet » 20,5%) et en 2008 (liste dissidente, montée au dernier moment « Bagnolet en Vert » 5,7%). À chaque fois, ce n’est pas faute d’avoir essayé de constituer des listes plus larges.
En espérant vous avoir apporté quelques éléments de réflexion.
Pierre Mathon