Voila mr Mathon la meilleure reponse a ton article qui rapelle les positions de Petain et de ses soutiens dont tu aurais certainement fait partie
Temps forts
« C’est une première étape »
MINEURS DE 1948 L’État reconnaît avoir licencié abusivement les gueules noires grévistes de 1948. Mais les dédommagements sont encore à négocier.
KAREEN JANSELME
NORBERT GILMEZ, QUATRE-VINGT-DOUZE ANS, N’A RIEN PERDU DE SA RAGE.
« Pour les mineurs c’est formidable. L’État français reconnaît sa responsabilité. Et cela montre qu’il n’y a pas d’âge pour aller se bagarrer ! » s’exclame maître Savine Bernard. Après soixante-six ans d’indignation, soixante-six ans de combat contre l’injustice, un long tunnel s’éclaire pour les mineurs et ayants droit injustement spoliés après les grèves de 1948. Il aura fallu bien des batailles : les prud’hommes, l’appel, la cassation, le relais de la presse, d’un livre, d’un documentaire pour qu’une ministre décide solennellement de « réparer l’injustice » et d’inscrire un amendement au budget 2015 instaurant la réparation.
À l’automne 1948, près de 300 000 mineurs s’étaient mis en grève dans tous les bassins miniers de France. 300 000 à contester les décrets Lacoste qui imposaient la baisse des salaires, des e ectifs, et revenaient sur leur statut. Dans une France d’après-guerre en pénurie, travaillant tous les jours et multipliant les cadences pour gagner « la bataille du charbon », les mineurs avaient « relevé » le pays. Et pourtant, deux ans après qu’ils eurent obtenu un statut et un salaire garanti, le gouvernement voulait tout remettre en cause. Les mineurs ont résisté et occupé les houillères. Les puits ne fonctionnaient plus. Pour réprimer la grève, garantie par la Constitution, on leur a envoyé l’armée et les CRS. Comme lors de la dernière grève de 1941 dans le Nord-Pasde- Calais occupé où les SS avaient réprimé les mineurs. Le symbole est violent.
« ON A DONNÉ 450 MILLIONS À BERNARD TAPIE ! JE SUIS À BOUT »
Et la répression a continué. Six mineurs sont restés sur le carreau. Morts. Des milliers d’autres ont été arrêtés. 1 342 condamnés à de la prison ferme, dont 700 dans le Nord- Pas-de-Calais. « On a remonté le pays avec la bataille du charbon, se rappelle Daniel Amigo, quatre-vingt-sept ans. On a cramé pour relever le pays et après, on nous a assassinés. » Descendu sous la terre du Pasde- Calais dès quinze ans, Daniel a été emprisonné trois mois pour avoir fait grève. Puis licencié. En perdant son travail, il a perdu son logement, le chau age gratuit, les soins médicaux. Il a pu se réfugier chez son frère. D’autres ont dû changer de région pour trouver un emploi alors que les Charbonnages de France faisaient pression pour que aucun gréviste ne soit embauché alentour. Une discrimination qui poursuivra leurs enfants, eux aussi marqués au fer rouge. Du jour au lendemain, les mineurs ont été considérés comme de mauvais Français, des ennemis de la patrie et les ex-militaires décorés ont été dégradés. Parmi eux des résistants, des FFI, des anciens déportés, des combattants de la guerre d’Espagne, des syndicalistes, des communistes qui tairont leur histoire à leurs enfants pour les tenir à l’écart de la honte.
Après une vie douloureuse, miséreuse, Norbert Gilmez vit chez sa fille depuis 1990. À quatre-vingt-douze ans, il n’a rien perdu de sa fougue ni de sa rage contre cette injustice : « J’ai des dettes que je ne peux toujours pas rembourser. Je me suis toujours battu pour que la loi d’amnistie votée en 1981 nous soit appliquée avec une reconstitution de carrière. La garde des Sceaux m’a écrit en expliquant qu’on allait nous remettre dans nos droits sociaux présents et futurs. Et si l’amendement voté rend l’honneur aux camarades dégradés, côté financier, c’est la cata ! 30 000 euros, c’est 5 % de ce que j’ai évalué : j’ai un os dans la gorge ! » « Une misère, reprend Daniel Amigo, on a donné 450 millions à Bernard Tapie ! Je suis à bout. Cela fait soixante-six ans que ça dure... »
Mardi, l’Assemblée nationale a voté en e et un amendement dans la loi de finances 2015 qui reconnaît « le caractère discriminatoire et abusif du licenciement pour faits de grève des mineurs grévistes en 1948 et 1952, (...) les atteintes ainsi portées à leurs droits fondamentaux et les préjudices qui leur furent ainsi causés ». Désormais, les mineurs licenciés ou les ayants droit des ouvriers décédés pourront obtenir 30 000 euros d’allocations. 5 000 euros seront versés à leurs enfants, exclus de fait de bourses d’études auxquelles ils auraient pu prétendre. Mais un autre volet de l’amendement va permettre, au-delà de la réparation du préjudice moral, d’obtenir d’autres versements plus importants. « On va se retourner vers l’Agence nationale de garantie des droits des mineurs pour évoquer la perte des avantages en nature : chau age, logement », explique Raymond Frackowiak, secrétaire général du syndicat des mineurs CGT du Nord-Pas-de-Calais. « La fédération mines-énergie CGT va négocier au cas par cas. Car certains ont été réintégrés dans les Houillères au bout d’un an et d’autres jamais. Pour ces derniers, la somme pourrait atteindre 210 000 euros. L’amendement n’est qu’une première étape. »
« CÔTÉ FINANCIER, C’EST LA CATA ! 30 000 EUROS, C’EST 5 % DE CE QUE J’AI ÉVALUÉ : J’AI UN OS DANS LA GORGE ! »
Mais le temps presse pour la suite des réparations : rares sont les mineurs qui ont survécu à l’humiliation, à la misère... et à la silicose, cette maladie pulmonaire tueuse de bien des gueules noires. Parmi les licenciés de 1948, 32 camarades se sont manifestés auprès de la fédération CGT. En 2007, 17 avaient déjà eu recours aux prud’hommes. Le procès gagné en appel avait été perdu en cassation, après un recours de la ministre de l’Économie Christine Lagarde. Mais le remboursement des réparations de 30 000 euros obtenu en appel n’avait pas été décemment réclamé. Le dossier devait revenir normalement le 10 décembre au tribunal. « Que la réparation soit obtenu par une loi et non en justice, c’est aussi fort, relève l’avocate Savine Bernard, qui a défendu l’a aire avec trois autres avocats. Le juridique n’était qu’un levier parmi d’autres. Mais il fallait l’audace des anciens pour contester des licenciements datant de 1948 ! »
Temps forts
« C’est une première étape »
MINEURS DE 1948 L’État reconnaît avoir licencié abusivement les gueules noires grévistes de 1948. Mais les dédommagements sont encore à négocier.
KAREEN JANSELME
NORBERT GILMEZ, QUATRE-VINGT-DOUZE ANS, N’A RIEN PERDU DE SA RAGE.
« Pour les mineurs c’est formidable. L’État français reconnaît sa responsabilité. Et cela montre qu’il n’y a pas d’âge pour aller se bagarrer ! » s’exclame maître Savine Bernard. Après soixante-six ans d’indignation, soixante-six ans de combat contre l’injustice, un long tunnel s’éclaire pour les mineurs et ayants droit injustement spoliés après les grèves de 1948. Il aura fallu bien des batailles : les prud’hommes, l’appel, la cassation, le relais de la presse, d’un livre, d’un documentaire pour qu’une ministre décide solennellement de « réparer l’injustice » et d’inscrire un amendement au budget 2015 instaurant la réparation.
À l’automne 1948, près de 300 000 mineurs s’étaient mis en grève dans tous les bassins miniers de France. 300 000 à contester les décrets Lacoste qui imposaient la baisse des salaires, des e ectifs, et revenaient sur leur statut. Dans une France d’après-guerre en pénurie, travaillant tous les jours et multipliant les cadences pour gagner « la bataille du charbon », les mineurs avaient « relevé » le pays. Et pourtant, deux ans après qu’ils eurent obtenu un statut et un salaire garanti, le gouvernement voulait tout remettre en cause. Les mineurs ont résisté et occupé les houillères. Les puits ne fonctionnaient plus. Pour réprimer la grève, garantie par la Constitution, on leur a envoyé l’armée et les CRS. Comme lors de la dernière grève de 1941 dans le Nord-Pasde- Calais occupé où les SS avaient réprimé les mineurs. Le symbole est violent.
« ON A DONNÉ 450 MILLIONS À BERNARD TAPIE ! JE SUIS À BOUT »
Et la répression a continué. Six mineurs sont restés sur le carreau. Morts. Des milliers d’autres ont été arrêtés. 1 342 condamnés à de la prison ferme, dont 700 dans le Nord- Pas-de-Calais. « On a remonté le pays avec la bataille du charbon, se rappelle Daniel Amigo, quatre-vingt-sept ans. On a cramé pour relever le pays et après, on nous a assassinés. » Descendu sous la terre du Pasde- Calais dès quinze ans, Daniel a été emprisonné trois mois pour avoir fait grève. Puis licencié. En perdant son travail, il a perdu son logement, le chau age gratuit, les soins médicaux. Il a pu se réfugier chez son frère. D’autres ont dû changer de région pour trouver un emploi alors que les Charbonnages de France faisaient pression pour que aucun gréviste ne soit embauché alentour. Une discrimination qui poursuivra leurs enfants, eux aussi marqués au fer rouge. Du jour au lendemain, les mineurs ont été considérés comme de mauvais Français, des ennemis de la patrie et les ex-militaires décorés ont été dégradés. Parmi eux des résistants, des FFI, des anciens déportés, des combattants de la guerre d’Espagne, des syndicalistes, des communistes qui tairont leur histoire à leurs enfants pour les tenir à l’écart de la honte.
Après une vie douloureuse, miséreuse, Norbert Gilmez vit chez sa fille depuis 1990. À quatre-vingt-douze ans, il n’a rien perdu de sa fougue ni de sa rage contre cette injustice : « J’ai des dettes que je ne peux toujours pas rembourser. Je me suis toujours battu pour que la loi d’amnistie votée en 1981 nous soit appliquée avec une reconstitution de carrière. La garde des Sceaux m’a écrit en expliquant qu’on allait nous remettre dans nos droits sociaux présents et futurs. Et si l’amendement voté rend l’honneur aux camarades dégradés, côté financier, c’est la cata ! 30 000 euros, c’est 5 % de ce que j’ai évalué : j’ai un os dans la gorge ! » « Une misère, reprend Daniel Amigo, on a donné 450 millions à Bernard Tapie ! Je suis à bout. Cela fait soixante-six ans que ça dure... »
Mardi, l’Assemblée nationale a voté en e et un amendement dans la loi de finances 2015 qui reconnaît « le caractère discriminatoire et abusif du licenciement pour faits de grève des mineurs grévistes en 1948 et 1952, (...) les atteintes ainsi portées à leurs droits fondamentaux et les préjudices qui leur furent ainsi causés ». Désormais, les mineurs licenciés ou les ayants droit des ouvriers décédés pourront obtenir 30 000 euros d’allocations. 5 000 euros seront versés à leurs enfants, exclus de fait de bourses d’études auxquelles ils auraient pu prétendre. Mais un autre volet de l’amendement va permettre, au-delà de la réparation du préjudice moral, d’obtenir d’autres versements plus importants. « On va se retourner vers l’Agence nationale de garantie des droits des mineurs pour évoquer la perte des avantages en nature : chau age, logement », explique Raymond Frackowiak, secrétaire général du syndicat des mineurs CGT du Nord-Pas-de-Calais. « La fédération mines-énergie CGT va négocier au cas par cas. Car certains ont été réintégrés dans les Houillères au bout d’un an et d’autres jamais. Pour ces derniers, la somme pourrait atteindre 210 000 euros. L’amendement n’est qu’une première étape. »
« CÔTÉ FINANCIER, C’EST LA CATA ! 30 000 EUROS, C’EST 5 % DE CE QUE J’AI ÉVALUÉ : J’AI UN OS DANS LA GORGE ! »
Mais le temps presse pour la suite des réparations : rares sont les mineurs qui ont survécu à l’humiliation, à la misère... et à la silicose, cette maladie pulmonaire tueuse de bien des gueules noires. Parmi les licenciés de 1948, 32 camarades se sont manifestés auprès de la fédération CGT. En 2007, 17 avaient déjà eu recours aux prud’hommes. Le procès gagné en appel avait été perdu en cassation, après un recours de la ministre de l’Économie Christine Lagarde. Mais le remboursement des réparations de 30 000 euros obtenu en appel n’avait pas été décemment réclamé. Le dossier devait revenir normalement le 10 décembre au tribunal. « Que la réparation soit obtenu par une loi et non en justice, c’est aussi fort, relève l’avocate Savine Bernard, qui a défendu l’a aire avec trois autres avocats. Le juridique n’était qu’un levier parmi d’autres. Mais il fallait l’audace des anciens pour contester des licenciements datant de 1948 ! »